Elle rêvait…

Les cuisses enfouies dans l’eau fraîche, Elle laissait aller et venir le délicieux mouvement des vagues

Montantes et descendantes sur sa féminité, l’esprit tendu vers l’envie de se fondre, de se confondre en lui.

Au creux de la baie mordorée par l’Eté indien, elle se laissait aller à ce désir qui l’habitait intensément,

Depuis que leurs regards s’étaient croisés un matin d’été, la laissant dans une délicieuse suavité.

C’était quelque chose qui l’avait prise par surprise et qui du jour au lendemain avait fait basculer sa vie,

Elle ne pouvait pas le contrôler, ça lui était tombé dessus sans prévenir…

C’était comme si toute sa vie n’avait été qu’un chemin vers ce moment où son coeur s’était emballé,

Où sa tête s’était mise à tourner. C’est ici et maintenant que sa destinée avait pris tout son sens.

Et malgré tous ses efforts, malgré toute sa volonté, elle ne pouvait absolument pas y résister.

Elle aimait se perdre dans les chemins vides et magnifiques que la Forêt de la Coubre lui offrait, rien qu’à elle,

Elle jouissait des décors de sable et de pins, de pierre et d’eau, reflétant avec délice son envie de lui,

Tels ces douces pentes ensablées offertes, ou ce creux de roche, ouvert tel un sexe de femme…

Oui, la Charente-Maritime était une Femme… C’est ce que lui susurraient au regard les métaphores naturelles,

La plongeant à chaque promenade vers ces instants inspirants et désirants.

Comme un clin d’oeil à sa rêverie, elle regardait ce joli couple s’enfoncer sous le creux de l’arbre,

Avec le présage de moments conjoints savoureux et amoureux…

Les paysages se déclinaient différents à l’envie, arides ou luxuriants, doux ou vibrants,

Et pourtant toujours habités par la même promesse, celle d’une aventure unique, à chaque pas,

D’une émotion profondément vivante, à chaque instant, renouvelée dans une délicieuse impermanence,

Telle l’assurance d’un acte d’amour redécouvert à chaque minute, à chaque seconde…

Elle était là, posée sur le quai de son désir brûlant. Elle était telle ces oies bernaches attendant

L’instant propice où elle s’envoleraient au vent, traçant dans le ciel la ligne de leur Liberté de vivre et d’aimer.

Elle était à la croisée des chemins, versant sans peine dans l’océan ses souffrances et ses chagrins.

Elle avait décidé de vivre sa Vie pour Elle, avant qu’il ne soit trop tard, enfin…

Le creux de la Dune lui rappelait le creux de ses reins, attendant l’instant où la délicieuse brûlure

Du sensuel plaisir l’embarquerait vers de nouvelles contrées et ferait rougir son teint.

Dans le mouvement récurrent des vagues, le va-et-vient de l’onde lui rappelait sa Voix,

Chaude et grave, lui disant qu’elle était belle et tellement désirable.

Au centre du décor, le phare dressé renforçait en elle encore et encore son envie de lui…

Oui, elle le savait, intimement, profondément, depuis toujours,

La Charente-Maritime était une Femme sensuelle et passionnée comme elle,

Désirante et désirée, si pleine d’Amour à donner,

Celui qui nourrit et donne corps aux rêves les plus fous, aux désirs les plus intenses,

Celui qui fait briller l’Existence, tel un plaisir immense.

Elle était son Essence, sa raison d’Être, sa Passion, Elle était Elle.

Dans le creux du Pont du Diable ou dans les ciels de Port Maran,

Dans les nuages moutonneux dominant la pinède, ou entre les seins d’herbes sauvages

Illuminés par le disque solaire, la Charente-Maritime était Elle, sa Force et sa Féminité.

Elle attendait que ses mains tracent sur son corps l’empreinte de ses doigts,

Telle la mer descendante dessinant des lignes et des courbes sur l’estran,

Elle attendait cet instant où elle pourrait goûter à la plénitude de la jouissante délivrance.

Il était là, il l’attendait, il n’osait pas, il ne savait pas, il ne savait plus,

Il était pris lui aussi par ce reflet si troublant, par cette envie de la manger toute entière.

Assis ou debout au couchant, il vivait et revivait cet instant d’été, ce sentiment

Qui ne cessait depuis, aussi, de l’habiter, tout entier, sans cesse il pensait à elle.

Tel le Carrelet Royal, il était là, posté sur le rocher, troublé de désir et empli de ce sentiment puissant

Qui envahissait un peu plus chaque jour son esprit délicat et son corps souple, tel un aimant.

Comme elle, il rêvait de goûter au parfum de sa peau, il ne cessait de la serrer dans ses rêves.

Enivrée par la lumière divinement céleste, elle se sentait connectée à lui sans cesse.

Dans ce lien invisible mais permanent, elle chuchotait au creux de son coeur « Envole moi »…

Dans le glaive du rayon solaire irradiant la Baie de Bonne Anse,

Elle imaginait la béatitude assouvie de leur Désir intense…

La grande marée déflagra alors l’écume des vagues entre les blockaus de Saint-Palais,

Au creux de la sombre pierre, le Soleil illumina l’explosion de leur désir dans une sublime jouissance.

D’un coup l’extase divine envahit l’espace, de la terre au ciel, étincelant à leur visage ébahi

Le spectacle du crépuscule, tel la photographie de leur propre plaisir comme jamais abouti.

Dans ce point culminant de leur rencontre sensuelle, le halo solaire se plaça juste au-dessus du Bac en partance,

Rassemblant dans un même mouvement culminant les deux amants,

Les rassasiant enfin avec délice et magnificence de ce trop long et voluptueux supplice.

Dans l’enchevêtrement charnel de leurs corps, leurs âmes se reposèrent alors au creux de leur ventres,

Dans la cavité cachée de leur amour secret et rassasié.

Leurs coeurs battaient à l’unisson, fusionnés dans une osmose apaisée.

Oui, elle le savait, intimement, profondément, depuis toujours,

La Charente-Maritime était cette Femme sensuelle et passionnée comme elle,

Désirante et désirée, si pleine d’Amour à donner,

Celui qui nourrit et donne corps aux rêves les plus fous, aux désirs les plus intenses,

Celui qui fait briller l’Existence, tel un plaisir immense.

Elle était son Essence, sa raison d’Être, sa Passion, Elle était Elle.

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